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Cet article est paru au mois d'octobre 1999 dans la revue française "Forensic". Le profilage criminel (© octobre 1999) "Quiconque combat les monstres doit s'assurer qu'il ne devient pas lui-même un monstre, car, lorsque tu regardes au fond de l'abysse, l'abysse aussi regarde au fond de toi" Nietzsche |
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C'est sous la direction de Howard Teten et de Patrick Mullany que de nouveaux noms ont émergé dans les années 70 comme profileurs au FBI. Ainsi, les agents spéciaux Robert Hazelwood, Robert Ressler (le créateur de l'expression "serial killer") et John Douglas. Ils se sont posé plusieurs questions : pourquoi les agresseurs démembrent-ils ou dépersonnalisent-ils leurs victimes même lorsqu'elles leur sont étrangères au moment de l'attaque ? Les agresseurs ont-ils eux-mêmes été abusés sexuellement dans leur enfance ou leur adolescence ? Sont-ils incapables de relations sexuelles normales ? Que veulent dire ces actes bizarres de mutilation ? Pourquoi certains agresseurs torturent leur victime alors qu'elle est vivante alors que d'autres les mutile après la mort ? Ces interrogations n'ont qu'un but : permettre d'identifier des caractéristiques comportementales particulières à certains types de meurtrier. Qu'est-ce que le profilage criminel ? Le profilage psychologique en matière criminelle est l’étude des caractéristiques et traits du fonctionnement des criminels qui les différencient de la population générale, ainsi que l’étude de preuves afin d’en déduire les possibles suspects dans un crime. Mais les intitulés et définitions peuvent être différents , ainsi selon les auteurs on entend parler : - de profilage de personnalité criminelle ou profilage psychologique : C'est une tentative de fournir des informations spécifiques sur le type d'individu qui aurait commis un crime - d'analyse
d'investigation criminelle ou profilage comportemental :
- de profilage
criminel ou profilage d'agresseur ou profilage médico-légal
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Il faut rappeler ici que le profilage est une technique utilisée uniquement a posteriori du passage à l'acte (après l'acte de prise d'otages, après l'agression ou le crime). A quels types de crimes/délits peut s'appliquer le profilage ? . aux prises
d'otages,
Quels sont les apports du profilage criminel ? C'est une aide
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Quel est le profil du profileur ? Idéalement, le profileur devrait avoir des connaissances pluridisciplinaires : en psychologie –science des comportements individuels- bien sûr, en sociologie –science des comportements des groupes et des individus en situations intra ou inter groupales-, en criminalistique –terme général recouvrant la recherche, la collecte et la préservation des preuves-, en médecine légale (criminologie, spécialités médicales…) –application des connaissances médicales au domaine criminel. Mais cela ne suffit pas, il faut aussi aller sur les scènes de crime ou d'intervention. Acquérir de l’expérience, apprendre à évaluer la valeur d’une preuve, apprendre à interpréter les rapports médico-légaux. En Europe, les profileurs sont des psychologues ou des psychiatres experts qui se sont spécialisés dans les affaires pénales. Aux Etats-Unis, au sein de la Behavior Scientific Unit (BSU), les profileurs sont des officiers enquêteurs qui ont été initiés au profilage psychologique et qui restent libres d'utiliser ou non cette technique dans le cadre d'une enquête. Les unités de police locale font, quant à elles, appel à des consultants psychologues, criminologues ou à d'anciens officiers du FBI. En France aujourd'hui les policiers comme les gendarmes considèrent que le profilage fait parti de l'enquête et qu'il doit donc à ce titre être conduit par un enquêteur. Le psychologue quant à lui ne voit pas bien le rapport entre établir un profil psychologique et analyser les scènes de crime au sens criminalistique du terme (ne pas confondre comprendre et analyser). S'appuyant sur l'expérience américaine, les forces de sécurité françaises veulent développer des techniques de profilage impliquant leurs enquêteurs. Or, tant que des psychologues n'ont pas le statut de policiers ou de gendarme ou tant que les policiers et les gendarmes n'ont pas aussi le statut de psychologue, il me semble opportun que les deux fonctions cohabitent et collaborent sur la scène de crime. Il est clair que le passage du psychologue vers la police ou la gendarmerie n'est certainement pas une représentation de l'avenir, puisque, les psychologues n'ont pas accès aux scènes de crimes sauf expert missionné. Certes, les enquêteurs font parfois du profilage sans même se rendre compte. On ne peut leur dénier une expérience du terrain. Mais qu'en est-il du profilage psychologique officieux et sauvage pratiqué dans bien des cas après avoir assisté à un cours d'initiation à la psychologie ? De même, que faut-il penser de ces profileurs qui à partir du dossier d'instruction empiètent sur le travail du médecin légiste, du service de balistique et de l'expert en balistique des coups. Dans les 2 cas il y a aujourd'hui dérive. Les forces de l'ordre s'entendent pour dire que le profilage est un instrument de dernier recourt. Certes l'analyse de scènes de crime, la criminalistique, reste la base du travail pour l'identification de l'agresseur. Il n'empêche, que le travail du profileur serait grandement améliorer s'il pouvait avoir l'accès à la scène de crime dès le départ. Et ceci aussi fait l'unanimité. En fait, il n'y a pas contradiction. Il devrait y avoir profilage systématique sur une scène de crimes et le profil devrait être intégré au dossier au même titre que les témoignages. A l'enquêteur de décider l'usage qu'il veut en faire. On le répétera pas assez : le enquêteur et le profileur doivent effectuer un travail collégial. Quant aux situations de prises d'otages; le "profileur" est dans la plupart des pays un psychologue. Son rôle est de déterminer l'état mental du sujet, d'évaluer les risques encourus et d'établir une stratégie de communication. Il doit s'intéresser à la psychologie des conflits et de la gestion des conflits, de la négociation, des crises et de l'intervention de crise, de l'influence de la persuasion, de l'amélioration du rendement, du comportement déviant, de l'évaluation des risques et de la gestion des risques. Il fournit aux négociateurs une évaluation du degré d'adaptation de la personnalité du sujet, une évaluation des risques, des suggestions eu égard à la gestion des risques et des stratégies de communication. Le profileur n'est pas le négociateur. Il épaule le travail du chef des opérations en veillant à ce que la tactique et des stratégies élaborées pour gérer le conflit tienne compte des variables psychologiques. Quelle méthode est utilisée en matière de profilage criminel ? Le profilage ce n’est pas tirer simplement un profil général. En fait, c’est un processus qui vise à reconstruire un comportement individuel. La encore deux courants s'opposent, ceux qui prônent l'utilisation de la méthode inductive : le FBI depuis 1984 et les profileurs ou "détectives" formés selon la méthode du FBI depuis 1984, les criminologues. Un profilage criminel selon la méthode inductive est une généralisation à un individu criminel des caractéristiques comportementales partagées par d’autres criminels qui ont été étudiés dans le passé. C’est le produit d’analyses qui induisent des généralisations, des prédictions, des estimations, de statistiques à partir de données initiales. La méthode déductive, instrument plus puissant, quant à elle est utilisée par la Criminal Profiling Unit, la nouvelle génération des profileurs et la plupart des profileurs européens. La méthode déductive du profil criminel s’appuie sur l’interprétation des preuves légales, incluant les photographies de la scène du crime, les rapports d’autopsie, les photographies d’autopsie et une étude approfondie des interactions agresseur/victime, afin de reconstruire le plus exactement possible les patterns de la scène du crime et à partir de cela les patterns de comportements de l’agresseur, ses caractéristiques émotionnelles, démographiques et motivationnelles. A partir de ces comportements, il s’agit de tirer les motivations latentes. En effet, personne n’agit sans motivation et chaque comportement répond à une motivation. A la lumière des comportements constatés sur la scène de crime, on peut tenter de comprendre les motivations sous-jacentes (par exemple : lorsque un criminel couvre la tête de la victime pendant l’agression, on peut supposer qu’il l’a fait parce qu’il connaissait la victime ou parce qu’il ne pouvait supporter le regard de sa victime pendant qu’il l’agressait). Mais à un comportement on peut associer plusieurs motivations potentielles. Seule l’analyse des éléments d’autres scènes de crime pourra amener à cerner quelle est la motivation la plus fondée. Le profil est établi systématiquement a posteriori, à plus ou moins long terme de la réalisation des comportements. On déduit les caractéristiques de l’agresseur et ses probables agissements à venir à partir d’un l’instant « t-1 ». Et ce n’est qu’après l’arrestation de l’agresseur que le profileur pourra confronter le résultats de ses analyses à la réalité. Faut-il préciser que le profileur doit rester objectif ? Il ne juge pas selon ses valeurs, ses normes. Il s'appuie sur des faits et des indices concrets. Il est nécessaire de rappeler que le profilage psychologique n'a pas pour but de découvrir l'auteur des agressions des actes délictueux. Mais il permet de limiter la population de suspects, d'orienter certains axes de recherche de l'enquête. Le profilage est un exercice qui doit s'appuyer sur des argumentations. Mais malgré toutes ses précautions il peut rester flou. Il n'est pas possible de décrire la marque des vêtements et encore moins de définir la couleur des yeux comme cela a déjà parfois demandé dans le cadre de quelques enquêtes aux Etats-Unis. |
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© Sylvianne Spitzer
Dernière modification : 4 octobre 2001 |